Pouvez-vous
nous nous expliquer la genèse de cette
idée de panneau routier dans le cadre du projet Mémoires de clandestinités ?
Cette idée
de panneau routier me trotte dans la tête depuis de nombreuses années… Ma 1ère
idée avait été de poser un panneau de type « élément remarquable »
(panneau marron) au bord de l’autoroute A9 au niveau de Bram dans l’Aude pour
signaler le site de l’ancien camp d’internement pour les Espagnols lors de la
Retirada. Une idée qui n’a jamais été suivie de réalisation. Mais l’envie d’utiliser ce médium est restée !
Et le texte
du panneau ?
Dans mon
travail, j’utilise régulièrement la citation
de références textuelles ou musicales. En parcourant le territoire de Saint-Apollinaire-de-Rias
et au regard des rencontres préparatoires au projet Mémoires de
Clandestinités, j’ai voulu réactiver
cette idée de panneau routier.
Pendant mes
divers trajets – pour venir ici et y découvrir
le territoire, j’ai beaucoup réécouté la
chanson « Demain c’est loin » du groupe IAM. Sa résonnance politique
est toujours actuelle et les témoignages que j’avais entendus m’évoquaient fortement une possibilité de résistance contemporaine….
Mise à part
la transmission familiale, mes premières prises de conscience politiques (au
sens premier de la chose publique) se sont aussi forgées au travers de l’écoute du début du Rap français à la fin des années 90 (« Assassin »,
« NTM», « La Rumeur »…)
J’ai voulu
mettre en avant cette citation « Demain c’est loin », à la fois comme
une forte référence personnelle et pour toute l’ambiguïté qu’elle peut
comporter.
A première
vue on peut interpréter ce texte de manière pessimiste et littérale. Pour ma
part, il me semble plus intéressant de
le voir comme une ouverture vers un futur plus heureux même s’il est lointain,
comme celui du « Temps des cerises ».
Peut-on
vivre et agir sans utopie ?
Je laisserai
chacun répondre à cette question et construire ses propres utopies…
Et la
flèche ?
Même si elle
pointe en haut à droite et vers le ciel, il n’y a pas de référence religieuse
mais plutôt un renvoi à la nature et aux grands arbres qui entourent le
panneau. La forêt est à mon sens
indissociable de l’idée de résistance (cf
le maquis), de l’idée de cache (cf Robin des bois) et de possibilités de
construction d’utopies et
d’expérimentations sociales loin d’une folie consumériste, comme au
travers des zones autonomes temporaires
(cf Hakim Bey)…