mercredi 29 octobre 2014

Fête de la Science 18 et 19 octobre 2014


Comme il était annoncé dans le programme de ce week-end clôturant la fête de la Science, nous nous sommes retrouvés samedi matin à la salle Louis Nodon à Vernoux pour assister à la présentation par Delphine Forestier (doctorante en arts et sciences de la communication à l’Université de Lorraine) de son travail sur les objets de mémoire des personnes de la région qui ont été interviewées en raison de leur vécu clandestin ou de celui d'un de leur proche pendant la guerre. Ces objets, que sont-ils devenus, quelle importance gardent-ils dans la vie quotidienne et dans la transmission aux générations actuelles ?
La découverte des lieux, souvent discrets, où sont rangés précieusement ces témoins d’une époque de clandestinité, les photos, les commentaires  de leurs propriétaires, nous avions eu l’occasion de les voir ou de les entendre par bribes au cours de différentes phases du travail de Delphine, mais  la mise en scène de cette présentation  révélait toute l’intensité des souvenirs et la sensibilité de l’attachement à ces objets, rendant évidente la dimension artistique de ce travail, explicitée par les réponses de Delphine aux questions posées par le public.
Puis ce fut le tour de Pablo Garcia, artiste ayant beaucoup travaillé sur les  camps de la seconde guerre mondiale. Pour le projet « Mémoires de clandestinités », ses séjours aux Rias l’ont amené dans une approche originale à utiliser photos, cartographie, enregistrements, interviews pour nous présenter des œuvres visuelles et sonores comme la séquence dans laquelle Robert Combe joue au tuba le Chant des Partisans dans les bois et des œuvres visuelles, voire tactiles comme son carré de soie (comme de parachute ?) sur laquelle la cartographie permet de dévoiler les lieux de résistance, ou ses planches inspirées de macro-photos des pierres  sur ces sites.
Là aussi l’assistance, passionnée, n’a pas hésité à poser des questions ou faire des commentaires élogieux.
L’après midi avait une toute autre tonalité, chère aux pratiques des Rias par une mise en situation de recherches et de productions encadrées par Delphine et Pablo. A partir d’un objet usuel apporté par chacun il s’agissait, dans un premier temps, sous la conduite de Pablo, de le recouvrir, dissimuler, transformer, en quelque sorte  de le rendre « clandestin » puis de le mettre en situation permettant des prises de vues avec cadrages, plans, lumières donnant des images permettant des interprétations variées, ceci avec les conseils de Delphine. N’oublions pas non plus les savonnettes au chèvrefeuille qui embaumaient ce bel après midi de travail en plein air sous un soleil « printanier », savonnettes que chacun pouvait sculpter, dompter, réduire en copeaux avec des outils aussi simples que des petites cuillers ou des piques à apéritif ! Toutes ces réalisations sont, conservées sur place en vue… d’une vie nouvelle ( ?)
Dimanche matin, (à une heure un peu matinale), Didier Tallagrand présentait son travail sur l’image, lié à la production de Jean Nicolas,  « Rébellions et Révoltes en Vivarais sous l’Ancien Régime », à ne prendre en aucun cas comme une « illustration »  mais plutôt comme une démarche parallèle autonome servie par d’autres langages. « Les images font récit » selon trois pistes dégagées  par Didier Tallagrand ; « liaison à la mémoire ; disproportion entre les émeutes et le poids de la répression ; contagion liée au territoire. Ces pistes sont traduites par de grands paysages larges et profonds, des changements d’échelle (resserrement de focale) des ombres produites comme des spectres de révolte ». On retrouve facilement ces images dans des tonalités noir/blanc, des végétaux  aux couleurs parfois éclatantes et  les flous des ombres en filigrane.
« L’image n’est ni photo ni peinture mais travaillée comme une peinture ». « Pas d’expressionisme, pas d’allégorie, juste des images virtuelles… c’est parce qu’on les regarde qu’elles existent ».
Il faudrait pouvoir tout citer de cette présentation qui nous fait assister à la naissance d’une œuvre, à l’aboutissement d’un travail qui ne perd jamais de vue les choix artistiques explorés.
 Puis Didier revient sur le travail  des masques et des jeux de cartes produits précédemment avant  de nous dévoiler quelques images de « Rivière Noire »,  son exposition née de son séjour au Japon qui sera inaugurée le 31 octobre à Montpellier. Il nous guide en nous autorisant à être les témoins des étapes de sa démarche artistique.
Une matinée, que dis-je, un week-end passionnant qui a permis l’approche vivante de démarches artistiques au travers d’échanges  approfondis mettant en évidence les liens tissés entre Mémoire, Sciences et Arts .

                                                                                                                                                             Nicole Bertholon

jeudi 23 octobre 2014

Quand la réflexion sur l'image se poursuit

Après ces workshops sur lesquels nous reviendrons, d'une grande richesse malgré un brouillage dû à des changements de dates, où à la non-explicitation à un public impliqué, intéressé et riche de ses idées et de ses apports au projet, de règles retenues a priori, à faire connaître mais aussi  adapter au ressenti de chacun...
La théorie n'est-elle toujours assez riche et pensée pour s'adapter au concret ?

Le groupe du samedi aurait pu être un peu plus important. Une richesse à faire revivre en cascades...


Autre week-end qui a été perçu comme identique au précédent et brouillé par deux changements de dates, et 11 jours sans téléphone ni Internet sur un très vaste périmètre, vallée du Rhône comprise...
Et pourtant une restitution de Delphine et une de Pablo qui concernaient tous ceux qui avaient contribué au projet.

Du très riche ; un gros travail  de 1ère structuration de Delphine ; et puis cette vidéo de Pablo... avec Robert. D'une telle densité.

Le dimanche matin l'intervention de Didier Tallagrand quand certains pensaient que venaient Béatrice Fleury et Jacques Walter (qui ne viendront que le 11avril)

Une intervention et un débat d'une extrême richesse.

Le parcours de Didier Tallagrand de " 1 bis, île des Faisans"  à "Rivière noire" (Japon 2014) en passant par les cartes et par ces images de trois types- du livret de Jean Nicolas - des constances au travers de verts  flous, de vestiges industriels, d'ambiguïtés d'images, de leur transmission ou de la narration...  Une identité qui à la fois s'affirme et se renouvelle. Remarquable...

Et puis cette publication où se théorise un texte sur l'image, d'un immense intérêt.


Cliquer 
pour lire

Un débat des plus intéressants à cet égard, salle Louis Nodon, et une discussion intéressante sur la photo avec Delphine - à l'occasion le laquelle se rappelle un article du site de 2009...   André Rouillé, à relire...

Bientôt l'article de Nicole Bertholon  et un retour sur ce travail...

J.Cimaz

samedi 11 octobre 2014

Après les workshops des 27 et 28 septembre, week-end des 18 & 19 octobre

Cadre partagé avec Fête de la science.

Une partie interne à l'équipe qui a souffert de, l'étalement - incontournable- de l'arrivée des participants, et, pour le public, d'un déficit sonore certain et inhabituel en cette salle.
Un atelier improvisé, organisé avec l'aide de Pablo, a été fructueux - et même très fructueux.
L'arrivée tardive de Delphine, retenue par une nuit d'exposition à Metz, a entraîné le décalage d'un débat intéressant, mais riche, posant l'importance, à côté des commémorations officielles, d'une transmission familiale et populaire dont Robert Combe et sa famille apparaissent comme un très fort et vivant  symbole, ce que Pablo Garcia  a su écrire en rural & gazouillant triptyque vidéo. Où l'insouciance et le calme intemporel du lieu fraient la voie à la montée en imagination des drames & enjeux de ce qui s'y est passé - là & ailleurs- de 1939 à 1944- et  avant et après cette période.

Le dimanche matin, le workshop conduit par Didier Tallagrand et Pablo Garcia s'est avéré très riche... Une publication devrait suivre un envoi courriel difficile à mettre en ligne, mais très riche tant au niveau des images qu'à celui des textes et de la conception d'ensemble...

Trois regrets concernant ce week-end : l'impossible maîtrise de l'organisation d'un samedi avec un public très mouvant. Une solution pédagogique aurait pu passer par la présentation de chacun des arrivants, quand il arrivait, de ses apports et questions et par une reformulation rapide pour lui, utile aussi pour les autres, de ce qui s'était dit depuis le matin, temps perdu/gagné, débouchant, soit sur son intégration directe au débat, soit, si celui-ci se centrait sur la seule équipe comme à huis clos, par un détour avec un autre membre de l'équipe sous forme d'atelier art-plastique, ou mieux d'écriture, de ce qu'il avait à dire ou des questions qu'il se posait.

L'intéressante présentation  par Pierre Morelli de la très riche création numérique de Chris Marker aurait pu être la catalyseur d'un débat général et un référent partagé, si on avait pu lui consacrer plus de temps. Par ailleurs on pensait pouvoir y retravailler entre nous mais "Immemory", oeuvre sur CD éditée par le Centre Pompidou est épuisée, et, apparemment, sans projet de réédition -comme d'autres oeuvres de Chris Marker dont les écrans se sont vidés de tout contenu (comme, pour nous, "la Jetée", "Vertigo"...). Une réflexion à mener sur les relations entre transmission des droits d'auteur et partage de Biens Communs culturels à visée de formation et/ou recherche.

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Un autre week-end s'est prépare qui devrait être très différent dans son contenu et ses modalités, celui des 18 & 19 octobre-matin ouvert à un public large et nombreux, et structuré à la minute près dans le temps et l'espace.

1.1. samedi 18 octobre, de 9 à 10h30,  salle Louis Nodon, restitution de son travail en résidence par Delphine Forestier (doctorante en arts et sciences de la communication à l’Université de Lorraine) qui a rencontré dans le cadre de cette thèse - dont Pierre Morelli est co-directeur un certain nombre de personnes dans la région pour les interviewer sur les objets qui, pour eux, témoignaient  de la période de clandestinité liée à la guerre.
Seront projetés ses créations à partir du travail fait ici, des mémoires,  des objets, photos ou textes conservés, un travail de recueil des souvenirs mais aussi de photos des objets dans le lieu même où ils ont été conservés. L'objectif étant de cerne l'incidence de la photographie plasticienne sur la conservation et la transmission du mémoriel.

1.2. De 10h30 à 12h, toujours salle Louis Nodon, présentation de son travail par Pablo Garcia, artiste ayant  beaucoup travaillé sur les camps de la seconde guerre mondiale, et autres traces au sol des guerres, restitution du travail de ses périodes de résidence sur la commune, où il s'est centré, à partir des rencontres avec les gens, sur les lieux, et, par delà les objets, sur le camouflage, les textures, les cartographies...  Projections, explications, échanges avec la salle,  débat…

Se poser pour soi la question : l’approche artistique de la guerre modifie-t-elle la perception que j’en ai ?  Cf Goya, Picasso, Miro... Mais aussi "Hiroshima mon amour", "Nuit et brouillard"..."Johnny Got His Gun", et plus proches, "Que nuages" et "1 bis, île des faisans"... etc ?

2.  Samedi 18 octobre, de 14 à 16h  aux Baraques ( grande salle et bibliothèque/EPN: 

2.1.Atelier de pratique artistique proposé par Delphine Forestier et Pablo Garcia.


- Venir avec un objet de son quotidien, un objet usuel.
- Après discussion, le transformer par l'intermédiaire de rajouts en pâte à modeler, 

- voir ensemble les possibilités de sculpture et de modification liées à ce matériau en relation avec l'objet.

"Vous transcenderez ainsi cet objet du quotidien !"

- Proposition ensuite de se mettre en scène avec l'objet ou de mettre l'objet en scène par l'intermédiaire de la photographie. 

Les artistes vous dévoileront alors les manières de mettre en avant tel ou tel sentiment, regard, intention dans votre image !

Un moyen agréable de produire de belles productions et d'aborder des concepts artistiques et théoriques tout en passant par une activité a priori ludique... 
L'idée est aussi, à l'image de la résistance ou de la mémoire que l'on se construit, de produire avec peu, avec les moyens du bord... "Un atelier un peu "low tech"" diront certains... mais qui n'empêche pas de lier ça avec la photographie numérique !

2.2 Pour préparer la venue de Béatrice Fleury et Jacques Walter le samedi 11 avril 2015, atelier d'écriture sous la forme de son choix à partir de textes choisis de ces auteurs  (1)  :

2.1.Un de vos ascendants ou amis est-il pour vous à la fois "un être de chair et de mots"?  Si oui, racontez-nous brièvement son histoire, ou une histoire,  ou écrivez un texte poétique pour nous faire comprendre.

ou à partir de l'interrogation évoquée dans ce même texte "entre visibilité et secret, image et mémoire" soit
2.2. à partir du "Récit dédié à mes copains de Tain déportés à ,Dachau" qui termine "Avoir vingt ans dans la tourmente"  (Coll. Mémoires Editions Les Rias) de Marcel Bélingard, quelles différences et quels liens faites-vous entre image et mémoire ? Inventez un bref  récit de fiction ou un texte poétique pour montrer  la complexité des relations entre image et mémoire. 
soit 
2.3.à partir  de "Quelques commentaires"  qui termine "Souvenirs de l'Occupation . Mémoires de Simone Foray     (Coll. Mémoires Editions Les Rias) de Simone Foray, mettre en tension, à l'aide d'un ou deux exemples,  "visibilité" et "secret". Inventez un bref  récit de fiction ou un texte poétique pour montrer  la complexité des relations entre "visibilité"et "secret". 
Un atelier conduit par l'équipe des Rias...

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Note 1 : "Figures emblématiaues, mobilisations collectives" in "qualifier des lieux de détention et de massacre  (3) sous la direction de Béatrice Fleury et Jacques Walter. Questions de communication. Centre de recherches sur les médiations. UFR Sciences humaines et Arts. (P.U.F. de Nancy.)

Intendance : 
Possibilité de déjeuner aux Baraques avec un plateau repas (11€). Inscrption indispensable avant le mercredi 15 par SMS au 0676577070 ou courriel à jacqueline.cimaz@orange.fr

3. Dimanche 19 octobre de 9 à 12h, salle Louis Nodon à Vernoux, Intervention sur l'image de Didier Tallagrand à partir de ses images projetées du livret d'artiste conçu pour "Rébellions & révoltes en Vivarais sous l'Ancien Régime" de Jean Nicolas..

Projections, débat avec la salle...

Projection d'autres images dont ces cartes réalisées avec la coopération de nombre d'habitants du plateau, masqués et intégrés en étranges panoramas. Rappel du mythe hindou fondant ce projet et recherches collectives de récits oraux  ou pistes d'écriture mettant en scène ces étranges avatars...

A noter que, de plus, Didier Tallagrand a présenté les images qu'il a réalisé à partir de photos prises lors de son séjour au Japon avec un groupe d'étudiants.

NB. A l'issue de cette matinée, distribution au public de la brochure "Rébellions & Résistances en Vivarais, restitution  très"augmentée" des présentations de Jean Nicolas et Didier Tallagrand,  du livret d'art "Rébellions & révoltes en Vivarais sous l'Ancien Régime" (texte intégral de la présentation de Jean Nicolas, revu par lui, et développements de Didier Tallagrand suite à de nouvelles questions posées.)

Didier Tallagrand est artiste et professeur de Design d'Espace en Ecole Supérieure d'arts.